14 mai 2023 (1 an, 1 mois et 29 jours après l'opération) - Système de santé



Avant de me lancer dans un traitement ortho-chirurgical, on m'avait expliqué l'importance de faire gagner plusieurs millimètres aux mâchoires, que c'était le seul moyen d'éliminer mes chevauchements dentaires et de ralentir les récessions gingivales causées en grande partie par cet encombrement. 

Au départ - et quand on est une personne comme moi qui n'avait aucune connaissance en orthodontie - envisager une double ostéotomie pour obtenir seulement quelques millimètres d'espace, cela paraissait démesuré. Sans parler du fait que j'avais une peur bleue des chirurgies, en particulier quand elles concernent les zones de la tête. Il m'a fallu énormément de temps pour me faire à l'idée qu'aucun praticien n'accepterait de m'extraire 4 dents pour compenser mon problème et que ma seule option - jugée la meilleure - était l'opération.

Maintenant que je l'ai subie, et en faisant le bilan de mon expérience, même si c'était le "mauvais" choix, j'aurais préféré qu'on me retire des dents saines et conserver des arcades dentaires étroites. Moralement, ça aurait été plus acceptable d'avoir une bonne occlusion avec une petite bouche, que des arcades légèrement plus grandes mais des problèmes osseux bien plus handicapants et minant que mes gênes initiales. Et ça ne s'arrête pas là, puisqu'en parallèle ma vie sociale et professionnelle a été atteinte aussi. Et je continuerai d'en payer les conséquences dans le futur.

La conclusion est d'autant plus ironique, que le moment où j'ai sauté le pas, plongé sur le billard, et compris qu'en orthodontie, en effet, chaque millimètre compte pour améliorer (ou dégrader) l'occlusion et l'état des gencives, c'est aussi le moment où les praticiens qui étaient chargés de mon traitement m'ont suggéré de m'habituer à mes problèmes, car selon eux, "avoir des décalages de quelques millimètres ce n'est rien".

J'ai conscience qu'avec des personnes compétentes et consciencieuses, l'opération et l'orthodontie auraient pu très bien se passer et mon discours aurait été différent mais je suis de plus en plus convaincue que ce cas de figure ne touche qu'un petit pourcentage de patients. Beaucoup d'entre nous sommes coincés géographiquement ou financièrement - souvent les deux - donc nous n'avons pas toujours le luxe de pouvoir sélectionner un bon praticien. La seule liberté qu'on a est celle de ne pas se faire soigner.
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